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Fondée en 2020, Heliosand propose de transformer des boues de dragage ou du sable désertique en granulats pour la construction grâce à des fourneaux solaires. Un premier prototype a démontré la faisabilité de cette solution repérée par Vinci.

D’un côté, il y a un problème : l’industrie a un besoin infini et polluant de chaleur. De l’autre côté, il existe une solution : le soleil et son énergie surpuissante et abondante. Pour Rafik Kheffache, fondateur et directeur général de la jeune entreprise Heliosand basée à Lyon, il était essentiel de concilier les deux. “Pourquoi convertir la chaleur du soleil en électricité pour ensuite produire à nouveau de la chaleur, alors qu’on pourrait l’utiliser directement ?”, s’interroge-t-il.

Adieu le photovoltaïque et le solaire à concentration, avec leur électricité et leurs rendements modestes. Heliosand veut construire des fourneaux solaires capables de répondre aux besoins de l’industrie : séchage, évaporation, chauffage, fusion, combustion, mais aussi découpe ou gravure. Si les applications potentielles sont nombreuses, celle qui intéressera particulièrement le secteur du BTP est la transformation des déchets en matériau de construction.

“Notre fourneau permet de faire fondre la poudre sédimentaire provenant des barrages ou des ports, qui se transforme alors en une boule de lave”, explique Rafik Kheffache. Une fois refroidie, cette boule est concassée pour obtenir du gravier ou du sable. Et lorsqu’il est finement broyé, il produit de la poudre de silice active qui peut remplacer jusqu’à 20 % du ciment dans la fabrication du béton, tout comme les cendres volantes. Ces matériaux possèdent des propriétés thermiques et énergétiques. “Nous n’avons pas encore découvert toutes leurs propriétés”, ajoute le fondateur d’Heliosand avec un sourire.

Ce procédé constitue une réponse à la surexploitation du sable, permettant également de relocaliser la production : “au lieu d’importer du sable d’Inde ou d’Australie, nous le produisons sur place tout en recyclant des déchets”, souligne le physicien de formation. C’est une solution potentielle au problème des sédiments qui s’accumulent au pied des barrages hydroélectriques et dans les ports, où des millions de mètres cubes sont dragués chaque année. De plus, à partir de 2025, il sera interdit de les rejeter en mer. Le sable du désert, trop fin pour être utilisé dans la construction, pourrait également servir de matière première.

Le fourneau solaire d’Heliosand utilise une lentille de Fresnel, similaire à celles des phares, composée de sections concentriques, ce qui permet de réduire le poids de l’appareil, au lieu de miroirs comme dans les fours solaires ou les centrales à concentration. Des rainures très précises focalisent les rayons du soleil sur une zone de 1 cm2, tandis qu’un algorithme suit le soleil avec une précision de 0,1 degré. Ces deux éléments permettent d’atteindre une température de 2 000°C.

Deux levées de fonds ont ouvert la voie à la construction de prototypes et la start-up souhaite maintenant lancer la production industrielle de ses fourneaux grâce à une nouvelle levée de fond.

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